Eau du robinet : comment éviter les polluants éternels ?

Pour garder la forme, certains prennent le temps de filtrer leur eau du robinet. Mais il existe plusieurs solutions pour y parvenir. Et toutes ne fonctionnent pas de la même façon.

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Récemment, une enquête révélée par France Bleu et Radio France a testé 89 échantillons d’eau du robinet. Résultat ? Environ 50 % contiennent des polluants éternels. Pour certains, l’étude a permis d’observer des taux bien supérieurs aux limites prévues par la loi. Car ces PFAS peuvent s’avérer cancérogènes. Ces molécules chimiques se retrouvent dans de nombreux objets produits par l’homme. Comme les poêles en teflon, certains meubles ou encore des cosmétiques.

Malgré de nombreux contrôles, il arrive tout de même que ces polluants éternels finissent par contaminer l’eau du robinet. Alors, forcément, les ménages exposés font tout ce qu’ils peuvent pour s’en protéger. Et plusieurs solutions existent. Mais que valent-elles ? On fait le point tout de suite !

Les carafes filtrantes : un mirage ?

D’après une récente étude de l’Anses, 1 foyer sur 5 possède une carafe filtrante. De grandes marques comme Philips, Aarke, Brita ou Waterdrop en proposent plusieurs variantes. Cela dit, leur capacité à filtrer l’eau du robinet ne fait pas l’unanimité. La promesse des fabricants ? Une solution clé en main qui retient les pesticides, les herbicides, mais même les hormones. Dans les faits, les scientifiques n’ont pas encore pu prouver cette efficacité.

“Aucune étude récente n’a permis d’évaluer l’efficacité sur ces polluants.”, prévenait encore 60 Millions de consommateurs, dans un article paru en août 2024.

Les carafes filtrantes peuvent bel et bien assainir l’eau du robinet. Elles peuvent même retenir certaines molécules. Mais selon le chimiste Mathieu Ben Braham (de l’association Générations futures), elles ne fonctionnent pas sur tous les polluants.

“C’est environ 70-80 % d’efficacité.”, confie le Pr Alfred Bernard, qui enseigne la toxicologie à l’Université de Louvain, sur France Bleu.

Néanmoins, les carafes filtrantes sont aussi d’un grand secours pour ôter le chlore, qui peut affecter le goût de l’eau du robinet. À condition de changer régulièrement les filtres. Car si vous les laissez en place trop longtemps, ils peuvent rejeter les molécules chimiques filtrées auparavant. Pour limiter les risques au maximum, l’ANSES conseille de conserver l’eau des carafes filtrantes au frigo, pour la boire dans les 24 heures.

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Sachez que les cartouches filtrantes à remplacer ont aussi un lourd impact écologique. À cause du charbon qu’elles contiennent.

« Si on jette les cartouches de charbon actif dans la poubelle, ça se retrouve dans la nature. Il faudrait les collecter et les brûler au-delà de 1.200 degrés.”, suggère le Pr Alfred Bernard.

Faut-il installer un filtre sous l’évier pour une eau du robinet plus saine ?

Pour prendre le problème à la racine, certains n’hésitent pas à équiper leur cuisine. Avec des filtres placés sous l’évier, afin de filtrer l’eau du robinet en amont. Mais là encore, l’efficacité n’est pas certaine.

“Aucune étude ne vient (…) corroborer son efficacité pour combattre les polluants (pesticides, résidus de médicaments, bactéries).”, considère 60 Millions de consommateurs.

De plus, ces filtres fonctionnent en permanence. Ainsi, ils n’agissent pas uniquement sur l’eau que nous buvons.

« Attention aux modèles qui se branchent sur l’arrivée d’eau froide sans dérivation vers un robinet annexe. Toute l’eau sera filtrée alors que ce n’est pas nécessaire pour se laver les mains ou la vaisselle.”, prévient l’association.

L’osmoseur, une bonne idée ?

Pour purifier l’eau du robinet, il s’agit de la meilleure solution. En effet, ce dispositif peut agir sur de nombreux contaminants dangereux.

“Le seul dispositif à destination des ménages capable de filtrer les polluants, les métaux lourds et autres produits chimiques contenus dans l’eau courante.”, affirme 60 Millions de consommateurs.

De son côté, le Pr Alfred Bernard confirme que l’osmoseur peut bel et bien venir à bout des polluants éternels. Rappelons que ce système s’appuie sur plusieurs filtres. On l’installe sous l’évier. De là, il peut ôter les particules en suspension, ainsi que le chlore. Enfin, l’eau du robinet passe dans une membrane d’osmose inverse. Résultat ? Une eau presque pure. Malheureusement, ce dispositif a aussi des effets délétères sur l’environnement.

“L’osmoseur rejette en moyenne entre trois et cinq litres d’eau pour chaque litre d’eau filtrée.”, regrette Mathieu Ben Braham.

60 Millions de consommateurs souligne également son coût, parfois dissuasif pour les ménages. Comptez plusieurs centaines d’euros pour un osmoseur familial.

Eau du robinet ou eau en bouteille ?

Pensant ménager leur santé, certains se tournent vers des eaux minérales, vendues dans des bouteilles de plastique. Mais là encore, il ne s’agit pas d’une solution vraiment efficace. Et pour cause : ces emballages génèrent une pollution terrible sur notre environnement. Pire, ces microplastiques finissent par contaminer l’eau. De là, ils peuvent s’immiscer dans notre système sanguin. Se propageant jusqu’au cœur ou au cerveau. Contrairement à l’eau du robinet, ces eaux en bouteille peuvent même impacter notre système reproducteur…

Que font les pouvoirs publics ?

Vous l’aurez compris : même pour ceux qui investissent, filtre l’eau du robinet sans générer plus de pollution n’est pas simple. De nos jours, ce problème a fini par devenir un vrai casse-tête pour les consommateurs. Voilà pourquoi les scientifiques s’adressent directement aux politiques.

“Il faut déjà s’assurer que l’eau qui arrive (dans les robinets, ndlr) est traitée (…) qu’il n’y a pas eu de rejets dans l’eau.”, avance le chimiste Mathieu Ben Braham.

En réalité, la qualité de l’eau du robinet touche l’ensemble de la population. Il faut donc régler le problème à l’échelle nationale.

“La responsabilité de traiter l’eau ne doit pas revenir au citoyen. Ce n’est pas lui qui a pollué l’eau.”, explique le chimiste.

Même constat du côté Robert Barouki, toxicologue à l’INSERM.

“Nous privilégions une solution collective pour la santé publique plutôt qu’individuelle.”

Une proposition de loi déposée par les écologistes, devait permettre un traitement plus complet de l’eau du robinet. Or, la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin dernier, a mis ce texte de côté…

Sources : francebleu.fr



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